
En bref, ce que vous allez découvrir aujourd’hui
L’impact économique de la crise du covid 19 est bien inférieur à ce qu’il aurait été sans l’intervention massive des Etats.
Ces interventions massives ont pris la forme de chèques littéralement envoyés aux particuliers, de subsides, de prêts aux entreprises, etc.
Toutes ces opérations ont été financées par la planche à billets des banques centrales.
Cela implique une augmentation significative de la masse monétaire des grandes économies mondiales.
A terme, celle-ci aura des conséquences sur la crédibilité des monnaies concernées.
Tout bénéfice pour des valeurs alternatives comme l’or, le bitcoin ou les actifs de pays comme la Chine ou la Suisse ?
Le Covid 19 et son ampleur mondiale
J’ai récemment appris qu’on devait dire « la » Covid 19.
En effet, Covid 19 veut dire « COrona VIrus Disease 19″.
C’est donc « la » disease, « la » maladie et donc « la » Covid.
Mais c’est trop tard.
J’ai pris l’habitude de dire « le » Covid 19.
Le mal est fait 🙂
Ce Covid 19 a frappé le monde avec force en cette année 2020.
A ce jour, il a contaminé officiellement 54,4 millions de personnes à travers le monde et a causé le décès plus de 1,3 millions de personnes.
Malgré ce qu’on appelle dans les pays occidentaux les premières, deuxièmes ou troisièmes vagues, vous pouvez voir ci-dessous que le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes a connu, au niveau mondial, une croissance continue depuis février 2020.
Cette évolution, couplée au caractère exponentiel des contaminations, a eu un impact majeur sur notre quotidien et sur l’économie mondiale en 2020.
Confinement, re-confinement, produits essentiels vs. non-essentiels, attestations pour pouvoir circuler, couvre-feu, port du masque, chômage économique, plans de relance, déficits budgétaires, etc.
Nous allons voir quel a été l’impact de cette crise sur l’économie, sur les Bourses et sur les finances de la population.
L’impact économique de la crise du Covid 19 différent selon les secteurs
Tous les secteurs n’ont pas été affectés de la même manière.
Ci-dessous, vous voyez le pourcentage de baisse du résultat net attendu pour les entreprises de différents secteurs pour 2021.
Le tourisme, l’énergie et le secteur automobile sont les plus touchés.
De l’autre côté, le secteur de la santé, les grandes surfaces et les sociétés technologiques devraient sortir assez peu affectées en 2021.
Impact économique de la crise du Covid 19 aux Etats-Unis
Première puissance mondiale, si les Etats-Unis toussent, le monde éternue.
En 2020, le déficit du budget fédéral des Etats-Unis a inscrit un record à 15% du PIB.
Les Etats-Unis n’avaient plus jamais été autant dans le rouge depuis la seconde guerre mondiale…
Ci-dessous, l’évolution du taux de chômage et, dans les deuxièmes et troisièmes graphiques, l’évolution du Produit Intérieur Brut (PIB) des Etats-Unis.
On peut voir que le choc de la pandémie a été d’une violence rare.
La vitesse à laquelle le taux de chômage a augmenté et à laquelle le PIB a diminué n’avait jamais été vue dans l’histoire.
Mais on voit aussi que si la baisse a été extrêmement violente et rapide, il y a eu rapidement une certaine normalisation.
Ceci est assez étonnant compte tenu du fait qu’on parle d’une pandémie qui a mis la moitié de la planète à l’arrêt presque complet pendant plusieurs mois.
On dit merci qui ?
Merci la FED !
Réaction de la Réserve Fédérale américaine (la FED)
Voyons comment la banque centrale américaine est intervenue.
Le fonctionnement de la FED
La FED est la banque centrale des Etats-Unis.
Elle est la seule institution à pouvoir créer/imprimer des dollars.
En imprimant des dollars, elle impacte directement le niveau de la masse monétaire existante.
Ces dollars nouvellement créés entrent dans l’économie par deux canaux :
- Des prêts à court terme aux banques,
- Des prêts à long terme à l’Etat américain (par le biais d’achats d’obligations de l’Etat américain).
En synthèse, voilà comment cela fonctionne :
Les banques vont utiliser l’argent créé par la FED en le prêtant aux entreprises et aux particuliers.
L’Etat américain va, lui, utiliser les dollars prêtés par la FED pour financer son budget ce qui va, directement ou indirectement, finir dans l’économie réelle et au sein des ménages.
C’est en ce sens qu’une émission de dollars de la FED atterrit dans l’économie réelle.
C’est la FED, ensemble avec le secteur bancaire et en fonction des crédits octroyés aux ménages et aux entreprises, qui détermine la quantité d’argent en circulation, ce qu’on appelle la « masse monétaire ».
Et elle ne s’en prive pas !
La FED et sa grande machine à imprimer des billets
La FED finance l’Etat américain en lui prêtant directement sous la forme d’achat d’obligations d’Etat.
Depuis de nombreuses années, la FED injecte des liquidités de manière massive dans l’économie américaine.
Vous pouvez le voir ci-dessous :
- les histogrammes sont le niveau des taux d’intérêts : en baisse
- la ligne rouge est la quantité de monnaie injectée dans l’économie par la FED: en très forte hausse
- la ligne orange est le taux moyen de croissance du PIB de l’économie américaine : stable ou en légère baisse
- en noir est le niveau de la Bourse américaine (S&P 500) : en hausse
Il est frappant de voir que les liquidités injectées sont largement supérieures à leur impact sur l’économie réelle.
On fait littéralement exploser la taille du bilan de la FED (x8 en 20 ans) mais l’économie réelle stagne avec un taux de croissance de 2% à 3% par an.
La FED a la rescousse de l’Etat pendant le Covid
Lors de la première vague de Covid de Mars 2020, elle a financé à elle seule le vaste programme de l’administration Trump.
Plus de 4.000 milliards de dollars.
Comment cela fonctionne-t-il ?
L’Etat américain émet des obligations (titre de reconnaissance de dette) pour 4.000 milliards de dollars et c’est le FED qui les achète, avec de l’argent créé pour l’occasion.
Et voici comment l’Etat américain a utilisé cet argent:
- 600 milliards de prêts à des entreprises non cotées en Bourse
- 750 milliards de prêts à des entreprises cotées en Bourse
- 500 milliards pour financer les communes
- 700 milliards pour assurer la liquidité du marché en Bourse et éviter des paniques sur les marchés financiers
- 1.100 milliards de prêt à très court-terme aux entreprises cotées en Bourse
- 650 milliards de subsides aux petites et moyennes entreprises pour payer les salaires et les crédits hypothécaires
La FED dégaine l’helicopter money, again !
Vous voyez ci-dessous en bleu l’évolution de la dette totale du gouvernement américain et en rouge l’évolution du PIB américain.
Depuis la crise des subprimes de 2008, la dette des Etats-Unis a explosé et s’est complètement décolérée du niveau de l’activité économique du pays.
Ce décalage a amené le ratio « dette publique / PIB » de 67,7% en 2008 à 106,9% en 2019.
Si on se focalise maintenant sur la période post 2008 et qu’on rajoute au graphique, en violet, l’évolution de la quantité de monnaie en circulation dans l’économie, on voit que dette publique et création monétaire marchent main dans la main.
L’argent créé va donc principalement financer le déficit des Etats.
Conséquences de l’argent gratuit sur l’économie
Imaginez que vous perdez votre emploi et que vous n’avez aucune épargne.
Vous êtes sur la paille.
Et vous devez payer votre loyer à la fin du mois.
Vous savez que vous allez « faire défaut » sur cette obligation contractuelle de payer votre loyer.
Et puis, miracle !
L’Etat vous envoie juste le montant dont vous avez besoin pour payer votre loyer et vous évite de faire défaut.
Si l’Etat fait cela à l’échelle nationale, la quantité de défauts observés va être beaucoup plus faible qu’attendue.
Et c’est exactement ce qu’on observe.
Ci-dessous l’évolution du nombre de faillites d’entreprises à fin aout 2020 aux Etats-Unis.
Oui, les faillites augmentent mais rien de catastrophique compte tenu de l’ampleur de la crise et de la mise à l’arrêt de l’économie pendant plusieurs semaines.
Autre conséquence anormale : le taux payé par les moins bonnes entreprises sur leurs obligations est à son plus bas.
On s’attendrait à ce que ce taux ait explosé et reste à des niveaux élevés compte tenu de la seconde vague de Covid en cours.
En effet, si vous êtes un emprunteur à faible solvabilité, il est logique qu’en plein milieu d’une pandémie les prêteurs ne se bousculent pas pour vous faire crédit.
Et que les prêteurs qui accepteraient de vous prêter de l’argent vous réclament un taux d’intérêt plus élevé qu’à l’accoutumée.
Parce que ce sont les sociétés comme les vôtres qui vont craquer en premier.
Actuellement, il n’en est rien.
Ce taux d’emprunt a fortement augmenté en mars mais est de retour à des niveaux ultra bas.
En plein milieu d’une pandémie mondiale, dans un contexte de confinements et de fermeture de commerces non-essentiels, les entreprises les moins solvables empruntent à un taux plancher.
Ce genre de cas ne peut arriver que en raison d’une abondance d’argent bon marché dans le système.
Merci la FED !
Et en Europe ? Ça se passe comment ?
Après les Etats-Unis, voyons maintenant comment la crise a impacté le continent européen.
Statistiques macro-économiques
Pour les 4 pays repris ci-dessus, le taux de croissance du PIB est depuis 1990 assez stable.
Entre 0% et 5% par an.
On voit que, comme aux Etats-Unis, la crise du Covid a été d’une virulence jamais observée auparavant.
Amenant la baisse du PIB sous les niveaux de 2008 et de la crise grecque.
Le graphique ci-dessous nous montre en bleu foncé le pourcentage de baisse de PIB entre le deuxième trimestre 2019 et le deuxième trimestre 2020.
Nous voyons que cette baisse varie fortement d’un pays à l’autre.
Et que, comparé aux USA, à la Suisse, au Japon et à la Norvège, les pays de l’Union Européenne ont en moyenne plus souffert de la crise.
Réponse des Etats et de la banque Centrale Européenne
Comme aux Etats-Unis, la réponse des européens a été d’injecter massivement des liquidités dans le système économique.
C’est ce qu’on voit dans le graphique ci-dessous :
- M3, la ligne bleue, est la masse monétaire en zone Euro. On voit qu’elle augmentait lentement mais sûrement et a soudainement accéléré à partir de mars 2020
- La partie orange de l’histogramme qui montre l’augmentation des dettes d’Etat. On voit que c’est celle-ci qui explique quasiment toute l’augmentation de la masse monétaire
Conclusion, on a financé la stabilité du système et la mise à l’arrêt partiel de celui-ci par de l’endettement des Etats, financé par la Banque Centrale Européenne.
A court terme, c’est une bonne décision : cela évite la panique, les faillites en chaine et les licenciements massifs.
A plus long terme, il faut se rendre compte qu’on a payé à crédit le salaire d’une partie de la population qui restait confinée à la maison.
Et on a financé par subsides et prêts le maintien en vie de sociétés commerciales, pour éviter les faillites et les licenciements.
Cela a eu un effet puissant sur le degré d’endettement des Etats et sur la masse monétaire.
Impact du covid 19 sur les Bourses
Entre le début de la crise et le point bas de mi-mars, l’indice européen Eurostoxx 50 a perdu 38% de sa valeur.
La vitesse de la baisse a été extrême, avec plusieurs jours à -8% sur les indices.
Mais depuis, les bourses ont rattrapé tout le terrain perdu.
De nouveau, quand on voit l’ensemble des statistiques économiques, difficile d’imaginer un tel scénario boursier sans une injection massive d’argent sur les marchés.
Money has to go somewhere…
Mot de la fin
Peut-on vraiment parler de « mot de la fin » quand on parle de covid, de l’endettement des Etats et de l’utilisation de la planche à billets ?
Probablement pas.
Nous reparlerons de ces trois sujets.
A moyen terme, ce qui importe le plus pour un investisseur est l’impact de la création monétaire excessive des Etats.
A court terme cela sauve l’économie, des emplois et des vies.
Mais à moyen et long terme, il faudra vivre avec les conséquences de ces endettements élevés et de cette liquidité sur-abondante.
En émettant des billets à tour de bras à chaque fois qu’une crise apparait, les banques centrales décrédibilisent petit à petit leur monnaie et la dévalorisent.
Cela aura sans doute un impact favorable sur des valeurs comme l’or, le bitcoin mais aussi des actifs de pays qui ne succombent pas aux mêmes travers, comme par exemple la Chine ou la Suisse.
A suivre.