
En bref, ce que vous allez découvrir aujourd’hui
Les deux objectifs majeurs de la gestion du risque de vos placements sont :
- de minimiser la probabilité de subir une perte importante
- de réduire la volatilité de la valeur de vos placements
Le marché des actions est très performant dans son ensemble mais les actions individuelles connaissent des fortunes variées :
- Si vous décidez d’investir dans une action unique, vous avez 69% de chance de choisir une action qui performera moins bien que le marché des actions dans son ensemble.
- 20% des actions perdent entre 80% et 100% de leur valeur
Le meilleur moyen permettant de réduire le risque de perte importante et la volatilité de vos placements en actions est de DIVERSIFIER les actions dans lesquelles vous investissez mais également de DIVERSIFIER vos placements en investissant dans d’autres classes d’actifs que les actions : obligations, immobilier, matières premières, etc.
Historiquement, ce sont les obligations qui ont le mieux permis de réduire le risque d’un portefeuille d’actions.
Gérer le risque, d’accord. Mais de quel risque parle-t-on ?
Dans un contexte de placements financiers, la gestion du risque fait principalement référence aux deux objectifs clés suivants :
- Minimiser la probabilité de perdre tout ou une partie substantielle de son placement
- Limiter la volatilité de la valeur de son placement. Et ce pour deux raisons :
- Une forte baisse de la valeur de vos placements peut vous faire paniquer et prendre des décisions contre-productives
- Si vous avez un besoin soudain de liquidités important, avoir des placements dont la valeur fluctue beaucoup rend plus incertain la somme réellement disponible.
Ces deux risques, subir une perte substantielle et subir une forte volatilité, sont présents si vous concentrez vos placements sur peu d’actions différentes et sont aggravés si vous n’investissez qu’en actions.
La solution majeure pour diminuer le risque de vos placements en actions sera de bien diversifier les actions que vous achetez et également de diversifier vos placements en dehors des actions en achetant d’autres types d’actifs.

Les bienfaits de la diversification
En termes de protection contre le risque d’une perte substantielle, la diversification apporte une solution mathématique simple : si vous détenez 1 action et que la société fait faillite, vous perdez 100%.
Si vous détenez 50 actions dont le poids de chacune est de 2% de votre épargne, en cas de faillite d’une société, vous perdez 2%.
C’est limpide.
Et en termes de réduction de la volatilité, la diversification va avoir pour effet de réduire les fluctuations de valeur de vos placements car vous allez mélanger des actions dont l’évolution du prix répond à des dynamiques différentes.
Vous allez mélanger des actions dont les prix n’évoluent pas de la même manière ni au même moment.
Ainsi, sur le long terme vous obtiendrez le rendement de vos actions.
Mais durant la période de détention, quand certaines actions vont bien performer d’autres performeront un peu moins bien et vice versa.
La diversification va donc permettre de lisser l’évolution de la valeur de vos placements dans le temps.
Le risque d’investir en actions individuelles est fortement sous-estimé
On entend souvent dire que les actions ont historiquement rapporté entre 8% et 10% par an.
C’est correct.
Mais ce qu’on sait moins, par contre, c’est que ces 8% à 10% ont été obtenus grâce à une minorité d’actions.
Si vous choisissez de limiter vos investissements à une ou quelques actions, vous courez donc un risque important de ne pas être investi dans les quelques actions qui vont réellement bien performer.
De ce fait, vous risquez de sous-performer un portefeuille diversifié d’actions qui est pourtant simple et bon marché à mettre en place.
C’est ce qu’une remarquable étude de 2018 a mis en avant en analysant les 26.000 actions américaines cotées entre 1926 et 2016 [1]:
- Près de 20% des actions cotées en bourse ont perdu entre 80% et 100% de leur valeur sur leur durée de cotation,
- 50,5% des actions ont eu un rendement négatif (dividendes inclus),
- Et seulement 31% des actions ont rapporté un rendement supérieur au rendement du marché des actions dans son ensemble.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Que si vous choisissez d’investir en actions et que vous limitez votre investissement à une action unique, vous avez près de 1 chance sur 5 de perdre la quasi intégralité de votre épargne.
Et vous avez 1 chance sur 2 d’obtenir un rendement négatif.
Ne sous-estimez pas ces chiffres.
Sur une classe d’actif qui rapporte historiquement entre 8% et 10% par an, obtenir un rendement négatif est une énorme sous-performance !
Je comprends mieux les statistiques mises en avant dans l’article sur les principales erreurs de investisseurs particuliers.
Nous avons vu que les investisseurs ne diversifient pas assez leurs placements et qu’ils sous-performent le marché des actions de 1,3% à 4,6% par an.
Quelles actions éviter ?
Concernant la possibilité de perdre une part substantielle de votre placement en cas d’investissement dans une action unique, ne pensez pas que ce ne sont que les petites sociétés risquées, comme les start-ups technologiques, qui peuvent perdre une part importante de leur valeur.
Renault a perdu 75% de sa valeur entre mars 2018 et mars 2020.
Nokia a perdu 63% entre 2010 et 2020, idem pour la Lufthansa et Carrefour.
Hewlett Packard a perdu 50% entre 2018 et 2020.
Le groupe de montres Swatch a perdu 65% entre 2013 et 2020.
Comprenez-moi bien : je ne vous décourage évidemment pas à acheter des actions.
Les actions sont la classe d’actif qui a historiquement rapporté le plus.
Mais j’attire votre attention sur le risque significatif que vous courez si vous concentrez vos investissements sur une ou quelques actions seulement.
Le marché des actions est très performant dans son ensemble mais il existe de grandes différences de rendement entre les actions individuelles.
Pensez à ceci : Il y a approximativement 3800 sociétés cotées actuellement aux Etats-Unis.
Si je vous demandais de citer quelques actions américaines qui ont récemment bien performé, tout le monde va spontanément penser à Apple, Amazon, Google, Tesla.
Si je vous demandais maintenant de citer 10 autres actions américaines que celles citées ci-dessus qui ont raisonnablement performé récemment.
Très peu de gens seraient en mesure de le faire.
Essayez par vous-même.
Une personne moyenne n’est donc même pas en mesure de citer 14 sociétés américaines cotées parmi les 3800.
Imaginez à quel point votre perception du marché des actions est biaisée.
Comment bien diversifier son investissement en actions
Maintenant que vous percevez le niveau de risque que représente un investissement concentré sur une action, voyons comment bien diversifier nos placements.
Pour bien diversifier le risque actions, il faut détenir des titres dont l’évolution du prix répond à des dynamiques différentes.
Par exemple, si votre portefeuille n’inclut que des actions européennes du secteur de l’automobile, il n’est évidemment pas bien diversifié.
Car les actifs sont grosso modo soumis aux mêmes facteurs d’influence.
On dit que les prix de ces actions sont tous corrélés entre eux.
Ils ont tendance à bouger dans le même sens et aux mêmes moments.
Revenons à une vue générale des facteurs de risque.
Concernant les actions, on distingue essentiellement deux types de risques :
- Le risque commun à toutes les sociétés : risque non diversifiable
- Le risque propre à la société en question : risque diversifiable
Un exemple valant mieux qu’un long discours : prenons l’action Renault.
Si la croissance économique diminue ou si le taux de chômage augmente : ces facteurs macro-économiques ont un impact négatif sur la valeur de Renault mais affectent également négativement toutes les autres sociétés. Ces risques sont non diversifiables.
Par contre, si Renault a engagé une mauvaise équipe de dirigeants ou si les incitants fiscaux à l’achat de véhicules diminuent, ces facteurs affecteront négativement Renault et les autres sociétés du secteur automobile mais pas les sociétés actives dans d’autres secteurs. Ces risques sont diversifiables.
Le secret est donc celui-ci: augmentez le nombre de titres détenus en portefeuille ET assurez-vous qu’ils ne soient pas fortement corrélés les uns aux autres.
Ce faisant, vous allez réduire le risque diversifiable à presque zéro.
Et vous limiterez à devoir supporter uniquement le risque non-diversifiable.
C’est cela l’objectif de la diversification de votre portefeuille d’actions.
Mais, vu qu’il y a un lien entre risque et rendement, on va perdre en rendement si on diversifie et qu’on diminue le niveau de risque, non ?
Et bien non !
En effet, que vous soyez diversifié ou pas, l’action Renault donnera le même rendement.
La diversification est votre affaire alors que le rendement est l’affaire des sociétés dans lesquelles vous investissez.
En diversifiant, vous changez le niveau de risque de votre portefeuille.
Mais vous ne changez rien au niveau de risque de Renault.
Vous ne changez rien au rendement que Renault pourra donner à ses actionnaires.
Retenez bien ceci car c’est capital : en diversifiant les actions détenues, vous diminuez le niveau de risque de votre portefeuille actions sans perdre en rendement attendu.
La diversification des actions est donc un must.
Petite précision pour éviter tout malentendu : ceci concerne la diversification des actions « entre elles ».
Si vous diversifiez votre portefeuille actions en achetant des obligations d’Etat ou d’entreprise par exemple, cela réduira le rendement attendu de votre portefeuille.
Car les obligations ont un niveau de rendement inférieur à celui des actions.
A partir de quand un portefeuille d’actions est-il suffisamment diversifié ?
Les études ont démontré qu’un portefeuille d’actions de 30 à 40 positions dont les actions sont assez décorrélées les unes des autres est suffisant en pour réduire le risque diversifiable à presque zéro.
Dans la pratique, si vous investissez avec des fonds ETF, vous atteindrez très rapidement un excellent niveau de diversification.
Pour votre exposition aux actions, si vous achetez un ETF ciblé sur les actions Européennes, un sur les actions d’Amérique du Nord et un sur l’Asie, vous aurez déjà atteint une diversification optimale.
Des actions, oui. Mais pas seulement.
Si vous connaissiez l’avenir, la gestion du risque serait complètement inutile.
Si vous savez avec certitude que l’actif qui rapportera le plus pendant les 10 années à venir est l’action XYZ cotée à Shangai dont le prix ne cessera de monter pendant 10 ans, vous investirez 100% de votre épargne sur cette action et empocherez le pactole.
Vous irez peut-être même emprunter partout où vous le pouvez pour miser un maximum sur cette action.
Mais c’est justement parce que vous ne connaissez pas l’avenir et que vous êtes conscient qu’il existe de nombreux risques que vous ne pouvez maitriser que vous ne placerez jamais 100% de votre épargne sur un seul actif.
Vous avez mis des années à accumuler une épargne.
Ce n’est pas pour la risquer sur un seul placement, aussi prometteur soit-il.
Interdiction donc de tout miser sur 1 ou 2 (ou même 3) actions !!
Vous devez vous constituer un portefeuille, c’est-à-dire un mélange d’actions.
Mais pas que !!!
Lorsqu’on parle placements financiers, les gens ne parlent généralement que d’actions.
C’est une erreur.
Votre portefeuille devrait également inclure des placements obligataires (prêts octroyés à une entreprise ou à un Etat et qui sont achetable/vendable sur les marchés financiers) et autres actifs comme des matières premières (principalement de l’or).
Conclusion
La gestion du risque doit avoir dans votre tête la même importance que le désir d’obtenir un rendement.
Ces deux variables vont d’ailleurs de pair : pas de rendement sans risque.
Chacun choisira ce qui lui convient le mieux et mettra le curseur là où il le souhaite entre un portefeuille actions volatil qui peut par moment donner quelques sensations fortes et un portefeuille plus équilibré qui passe mieux à travers les crises et les épisodes de stress sur les marchés.
Et n’oublions pas que le risque a de multiples dimensions : risque de perte, risque de volatilité, risque de change, risque monétaire, etc.